Rupture
Eve Richard
Cher Toi,
Adieu. C’est fini nous deux.
Nous étions heureux et amoureux.
Nous voilà seuls et miséreux.
Nous nous étions promis l’éternité,
Nous voyions notre amour sans limites,
Mais mes caprices t’ont épuisé,
Alors sans aucun remords tu m’as éconduite.
Qu’ai-je fait pour mériter ça ?
Comment peux-tu me faire tant de mal ?
Ton choix, je ne le comprends pas,
Et en cela est encore plus brutal.
Mon mari, mon amant, le père de mes enfants,
Qu’adviendra-t-il de nos rêves d’avant ?
As-tu oublié les promesses scellées,
A l’ombre d’un vieux chêne un après-midi d’été ?
Enlacés l’un et l’autre, nos doigts entremêlés,
De tes mots doux tu m’as envoûtée.
Mais de cette même voix tu nous as séparés,
Ce bonheur inouï, pourquoi nous en priver ?
Passion cruelle. Feu destructeur.
Mon amour, ma vie sans toi n’est que malheur.
Tu as commis des erreurs, tu n’étais pas parfait
Mais au nom de mes sentiments, sans cesse je pardonnais.
J’endurais, j’acceptais, me raisonnais,
Tout Homme est pêcheur, alors faisons la paix.
Au lieu d’en discuter, de régler nos différends,
Au nom de la liberté, tu m’as abandonnée lâchement.
Amour, tu as décidé de m’anéantir,
Mais avant de partir, écoute ce que j’ai à te dire :
J’ai une aliénée dans ma tête. Elle est enchaînée pieds et mains, à deux poteaux, son corps forme une croix. Portant une longue tunique blanche salie par le temps, ses cheveux longs, gras cachent son visage de sorcière. On devine ses yeux sombres noircis par les cernes derrière ses quelques mèches. Elle est calme, apaisée, son corps affaissé, silence. Derrière cette silhouette macabre, on pourrait voir un ange, paisiblement endormi. Puis, quand surgit ton image, ton odeur, ou rien que ton nom, elle gémit. Elle s’agite, se débat, enrage et hurle. L’ange devient démon, harpie. Elle est possédée, son corps se tort de souffrances, dans ses hurlements elle appelle à l’aide. Elle veut qu’on la délivre, ses chaînes s’entrechoquent, on voit que ses chevilles et ses poignets sont blessés. Tourmentée, désespérée, elle attend seulement qu’on réponde à son appel, qu’on comble son vide, qu’on lui donne ce qu’elle désire. Elle attend, la douleur est insupportable. Elle t’attend, elle t’a toujours attendu, mais maintenant que tu es parti, cette pauvre aliénée ne trouve plus le sommeil, et toujours elle hurle.
Folie dans ma tête, quand cesseras-tu de pleurer ?
Amour de ma vie ne viendra plus te consoler.
Je t’en veux, je t’en veux à la mort.
Sans te soucier de moi, tu m’abandonnes à mon sort.
J’essaie de t’en vouloir, mais je me voile la face.
Mes sentiments, quoiqu’ébranlés, sont toujours aussi tenaces.
Tu sais, je pense à toi chaque jour encore,
Mais comme le dit la poétesse indienne Rupi Kaur :
Je ne veux pas d’un amour qui m’épuise.
Je veux quelqu’un qui me dynamise.