Instant de vie
1 min
Le silence
Violette DELAFARGUE
Le soleil de janvier effleure ma peau mais je ne connais toujours pas Paris. Je n'ai jamais fait l'effort d'une visualisation complète des lieux et des arrondissements, trop habituée à suivre pas à pas le bercement de la géolocalisation. Pernety ligne 13, après je ne sais pas. Pourtant, je m’y suis rendue des dizaines et des dizaines de fois, j’y dors presque plus que chez moi. Il y a même ma brosse à dents au-dessus de l'évier.
Je tâtonne, je me trompe de direction, mais les passants sont accessibles pour la première fois de ma vie. Le nez en l'air, ils parlent à chaque visage qu'ils croisent, terrifiés d’un retour forcé à une socialisation non facilitée. Ils m'indiquent le chemin de bon cœur, parlent du mauvais temps alors qu'il fait pourtant soleil, mais vous les connaissez, les Parisiens ne voient que la grisaille de leur vision monochromée.
18 janvier mais je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est. J'ai une montre au poignet, mais je viens tout juste de constater que ses aiguilles ne bougent même pas. Simple apparat d'acier pour remplir mes poignets, cela doit faire deux ans qu'elle s'est arrêtée.
J'arrive au numéro 7 et mes doigts s’écrasent contre le code de l'immeuble. Il n'y a que celui d'Antoine que je connais par cœur, A1418 ça ne s'oublie pas vite. Mais là, aucune idée. J'essaie de faire glisser mes doigts dans l'espoir d'une réminiscence kinesthésique qui ne jaillira pas. Alors, tandis que des murs s’érigent et des mondes s’écroulent autour de moi, tandis que les hommes crient et que les femmes pleurent, moi, assise sur la première marche d’un petit immeuble parisien, j'attends qu'un voisin vienne.
Mercredi 18 janvier rue de l’Ouest et il n’y a pas un seul bruit. Mercredi 18 janvier rue de l’Ouest, et c’est déjà bientôt le silence de la nuit.
Je tâtonne, je me trompe de direction, mais les passants sont accessibles pour la première fois de ma vie. Le nez en l'air, ils parlent à chaque visage qu'ils croisent, terrifiés d’un retour forcé à une socialisation non facilitée. Ils m'indiquent le chemin de bon cœur, parlent du mauvais temps alors qu'il fait pourtant soleil, mais vous les connaissez, les Parisiens ne voient que la grisaille de leur vision monochromée.
18 janvier mais je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est. J'ai une montre au poignet, mais je viens tout juste de constater que ses aiguilles ne bougent même pas. Simple apparat d'acier pour remplir mes poignets, cela doit faire deux ans qu'elle s'est arrêtée.
J'arrive au numéro 7 et mes doigts s’écrasent contre le code de l'immeuble. Il n'y a que celui d'Antoine que je connais par cœur, A1418 ça ne s'oublie pas vite. Mais là, aucune idée. J'essaie de faire glisser mes doigts dans l'espoir d'une réminiscence kinesthésique qui ne jaillira pas. Alors, tandis que des murs s’érigent et des mondes s’écroulent autour de moi, tandis que les hommes crient et que les femmes pleurent, moi, assise sur la première marche d’un petit immeuble parisien, j'attends qu'un voisin vienne.
Mercredi 18 janvier rue de l’Ouest et il n’y a pas un seul bruit. Mercredi 18 janvier rue de l’Ouest, et c’est déjà bientôt le silence de la nuit.
Ce texte a été rédigé par un(e) étudiant(e) ayant participé à l'atelier d'écriture de création "De la lecture vers l'écriture" dispensé par Isabelle Carré au Centre d'écriture et de rhétorique de Sciences Po au semestre de printemps 2022.
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