Ma grand-mère

Floriane BIEM

Floriane BIEM

Ma grand-mère, c'était elle
C'était cette femme
C'était cette âme
Qui, chaque dimanche, nous attendait
Guettant sur le perron de la porte
Le sourire aux lèvres, l'amour dans les yeux

C'était elle, c'était son odeur
Sa fragrance rassurante
L'encens d'une cathédrale qui m'enveloppe
Et m'accompagne vers le jardin d'Eden.
Sa douce voix s'unit au triomphe de l'orgue
Son sein chaud pardonne mes péchés d'enfant
À genoux devant la plinthe de bois
Elle accueille ma prière

C'était elle, ma grand-mère.
C'était elle.
Avant qu'un jour, Papa ne vienne me chercher
À la sortie de l'école.

Notre-Dame a brûlé
Ma chapelle s'est effondrée
Ravagée. Tombée. Brisée.
Et ma foi s'en est allée
Elle m'a abandonnée
Elles m'ont abandonnée

Mes croyances, mes espérances
Mon temple, mon refuge
Mes prières d'enfant
Ce réconfort crédule
Qui dit " Tout ira bien
Crois-moi, tout ira bien"
Justice divine qu'on m'a promise.
Justice divine qui m'a trahie.
Qui me laisse en pleurs face à la douleur
Qui me laisse en pleurs face au désarroi
Face à la peur

Je me hasarde timidement dans une église.
Menteuse.
Je respire son parfum d'oliban
Je la sens s'approcher, me frôler
M'échapper.
J'inspire et elle m'aspire
Aide-moi, reviens-moi, insuffle-moi la foi
Mais déjà
La flamme du cierge s'essouffle.

Je suis à bout de souffle


Ce texte a été rédigé par un(e) étudiant(e) ayant participé à l'atelier d'écriture de création "Écrire (en poésie) depuis l’enfance" dispensé par Louis-Philippe Dalembert, titulaire de la Chaire d'écrivain en résidence du Centre d'écriture et de rhétorique de Sciences Po au semestre de printemps 2021.

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