Il est 21h30. La terrasse est bondée. Inès en est à sa troisième pinte, et elle commence seulement à le trouver beau. Hugo est parti dans une explication beaucoup trop longue sur le fonctionnement de l’hydrogène. Sexy sur le papier, terriblement ennuyeux en vrai. Elle rigole trop fort aux mauvais moments, mais ça ne semble pas le gêner. Il est pas mal, pourquoi pas. Elle fait mine d’hésiter alors qu’elle sait très bien comment la soirée va se dérouler. Encore quelques verres et les regards deviendront plus insistants, elle s’approchera doucement, posera une main sur la cuisse et entrouvera la bouche - ça c’est son cou de maître, ça marche à chaque fois. 

C’est ceux qu’elle préfère, les mecs comme Hugo. Les impressionnés, un peu gênés, ceux qui pensent qu’ils dégagent de l’assurance, alors que leurs failles lui sautent aux yeux. 

Elle aime l’effet qu’elle leur fait. C’est tellement facile et ils n’y voient rien du tout. Elle aime être différente, les attirer et prend parfois du plaisir à les embarrasser voire les humilier. Elle ne ment jamais pendant le sexe. C’est le moment où l'artifice de la séduction s’arrête. Ou elle s’en fout de leur plaire. Elle ne fait pas un bruit, pas un geste quand c’est nul. Ils la regardent, désemparés. Ces pauvres mecs. 30 ans et c’est la première fois qu’ils couchent avec quelqu’un d’honnête. 

Sur certains ça ne marche pas parfaitement mais quand elle les choisit bien c’est immédiat. Ils restent dormir, se blottissent contre elle comme des petits chiots, veulent rester toute la journée le lendemain, et écrivent toujours TOU-JOURS un message dans l’heure. Beaucoup trop dramatique, trop amouraché, ridicule, souvent. 

21h34. Pauvre Hugo. Il a l’air pas mal pourtant, il parle bien, ne coupe pas la parole – incroyable. Pose des questions ! Waw. Peut-être que lui la fera jouir.